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Photo du rédacteurLe Bestiaire Rouge

L'as migrateur des airs

Dernière mise à jour : 14 janv. 2021


Dessin © Le Bestiaire Rouge / Aurélie Portier

JE SUIS un petit oiseau migrateur. Malgré notre ressemblance, je n'appartiens pas à la famille des hirondelles. On me différencie par ma silhouette plus grande et plus effilée et par ma coloration plus foncée proche du noir hormis une petite tâche blanche sous la gorge difficilement observable pour les espèces vivant au sol. Mes longues ailes en forme de faucille sont particulièrement adaptées à mes longs trajets aériens. Je peux atteindre des pics de vitesse de 200km/h sur de courtes distances. Je passe ma vie entière dans les airs (10 mois/an) ! Je fais tout en vol : je dors, me nourris, me nettoie, m'accouple... Sauf accident, je ne me pose que pour couver. Nous formons de grandes troupes, on nous reconnait aux cris stridents que nous poussons lors de nos poursuites aériennes. Nos escadrilles sont aisément visibles en été dans les villes, particulièrement à la tombée du jour. Mes pattes sont très courtes, pas adaptées à la vie au sol, et pourvues de serres griffues qui me permettent de m'agripper à des parois verticales rocheuses, murs, troncs d'arbres... où je niche.



Je me nourris de plancton aérien, multitude de petits animaux, principalement des insectes volants, portés par les vents et les courants aériens jusqu'à grande hauteur à la belle saison. Le ciel est à nous ! Selon les conditions, nous pouvons chasser aussi bien au ras des eaux pour boire qu'au-dessus des montagnes. Mes gros yeux et la grande ouverture de mon petit bec facilitent ma capture ciblée en plein vol, même à la tombée du jour. Nos proies étant petites, je dois beaucoup chasser pour me nourrir et pour subvenir aux besoins de ma nichée. Pour le nourrissage des jeunes, je stocke les insectes que je capture dans ma gorge, formant une petite balle pouvant contenir jusqu'à 1000 proies (mouches, pucerons, moustiques, coléoptères, araignées...) !


Le martinet noir est très bien adapté au milieu aérien et y est très habile. Il passe sa vie dans les airs, sauf pendant sa période de nidification, soit pendant près de 10 mois par an. Record du plus long vol ininterrompu enregistré par les ornithologues ! Il peut parcourir jusqu'à 4 millions de km dans sa vie. Il fait tout en vol : se nettoyer, se nourrir, s'accoupler, dormir...

Après notre hivernage dans le sud de l'Afrique, nous migrons progressivement dès la mi-avril dans le nord de l'Afrique et le nord de l’Europe (jusqu’en Scandinavie et en Russie) pour nous reproduire. Nous nichons dans des anfractuosités de constructions humaines, le plus souvent dans les villes et les villages : sous les toits des vieux édifices, dans des fissures, dans des bâtiments industriels ou silos, cheminées, sous les ponts, etc... En principe, nous réutilisons chaque année le même nid, constitué de matériaux légers récoltés dans les airs : des herbes emportées par le vent, plumes, bouts de papier ou de plastique, ou même des papillons, fils d'araignée... que nous collons avec notre salive en coupe aplatie à même le substrat.


Nous sommes monogames. La femelle et moi-même nous relayons pour couver nos œufs (2 à 3 en moyenne) pendant une vingtaine de jours puis pour nourrir nos petits. En cas de raréfaction d'insectes, nos nouveau-nés entrent en léthargie jusqu'au retour de conditions plus favorables. Ils peuvent tenir ainsi 48h, puisant dans leurs réserves de graisse. Les jeunes prennent leur envol au bout de cinq à huit semaines, une fois qu'ils ont acquis la capacité de voler et de se nourrir. Ma compagne et moi-même ayant déjà entamé notre migration en Afrique, ils font cet apprentissage seuls pendant plusieurs jours. Ils s'entrainent en battant rapidement des ailes, bien agrippés au bord de leur nid avec leurs serres, et quittent le nid dès qu'ils se sentent prêts. Notre départ pour nos contrées d'hivernage en fin d'été est brutal et massif.



Notre population largement répandue peut sembler moins menacée que d'autres espèces, mais je partage le sort des autres oiseaux insectivores... Les insectes volants s'effondrent à cause d'un usage massif d'insecticides par les hommes. Nous pouvons aussi être contaminés en ingérant nos proies intoxiquées par les produits chimiques. Comme pour les hirondelles, nos sites de nidification inféodés aux constructions humaines traditionnelles sont menacés par la modernisation urbaine. D'autre part, les perturbations climatiques qui surviennent au moment de notre nidification (périodes de mauvais temps continu) peuvent avoir un effet dévastateur sur nos colonies...




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Des idées pour aider les martinets

favoriser leur nidification


Il est possible de leur offrir des sites de nidification, en laissant des cavités sous le toit par exemple lors d'une rénovation ou en posant des nichoirs. Ces derniers peuvent être incorporés ou non au bâtiment. Il s'agit d'une espèce grégaire, si un couple décide de s'établir chez vous et qu'il y a suffisamment de cavités adaptées à leur besoins, le reste de la colonie suivra. N'hésitez donc pas à mettre à leur disposition plusieurs cavités ou nichoirs ! Généralement ces nouveaux sites ne seront pas occupés les premières années, le temps que les martinets s'habituent.

Vidéo pratique et riche en informations sur le martinet noir et sa nidification sous le toit d'une maison : https://www.youtube.com/watch?v=eOOvvYeHJmU



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Sources, Références & Inspirations :

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