JE SUIS la plus petite chauve-souris d'Europe. Comme les autres chauve-souris (ou chiroptères) je suis le seul mammifère doué de vol actif. On me dit commune car je suis inféodée à l'habitat des hommes dans les villages et les grandes villes, dans les parcs, les jardins, les bois, les forêts. Nous nous regroupons en colonies de 20 à plusieurs centaines de pipistrelles à partir du mois d'avril pour nous reproduire dans des espaces obscurs, silencieux et peu fréquentés, arboricoles ou anthropiques. Sédentaire et nocturne, je peux chasser partout de nuit, mais non loin de mon gîte, souvent en forêt ou en lisière au-dessus des points d'eau (mares, étangs) où je peux boire. Je fréquente également les lampadaires, qui attirent les insectes désorientés par la lumière. Je me repose entre mes séquences de chasse.
J'ai des petites ailes étroites qui me permettent de papillonner entre les feuilles des arbres et de choisir les insectes que je capture. Je repère mes proies grâce aux ultrasons que j'émets par les narines ou la bouche et qui reviennent par écho à mes oreilles. Mon système "GPS" m'indique les obstacles, compensant ma très faible vue.
La pipistrelle s'oriente dans l'obscurité de la nuit grâce à son système de sonar : l’écholocalisation
A cause de ses superstitions, l'homme se méfie de moi. Pourtant mon régime alimentaire et mon efficacité à la chasse aux petits insectes (en particulier les moustiques) font de moi une précieuse alliée, contre les piqûres, mais aussi pour le jardin, mes déjections étant considérées comme un bon engrais organique azoté naturel pour les cultures (petit conseil aux jardiniers : guano à couper à 50 % avec de l'eau pour l'utiliser sans brûler les plantes)...
La pipistrelle (et autres chauve-souris) jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes en régulant les insectes (en particulier les moustiques)
Je dépends souvent des constructions humaines. Nous établissons nos colonies de reproduction dans des greniers, toiture, charpente, combles, fissures de façades, volets à battants, cheminée, cave ou autres pièces du sous-sol pour nous protéger des prédateurs... Tout comme de nombreuses espèces de chiroptères (qui ont parfois localement disparu), notre population est en forte régression.
Les possibilités de nidification se raréfient dans les villes d'aujourd'hui... La modification de mon habitat (due par exemple à la rénovation d’un bâtiment où je niche ou l'assèchement d'une zone humide où je peux chasser les insectes) ainsi que l'usage de produits chimiques (insecticides fatals pour mes proies, traitements chimiques de charpentes ou autre qui nous empoisonnent), ou encore les éoliennes avec lesquelles j'entre en collision, sont autant de menaces pour nous. D'autre part, comme la plupart des animaux qui sont actifs la nuit, je suis affectée par la pollution lumineuse générée par les installations humaines. Les vieux édifices (églises, monuments...) où je m'étais habituée à nicher ne sont plus un habitat accueillant pour nos colonies depuis que ces bâtiments sont éclairés et lorsque des grillages anti-pigeons bloquent les accès. L'éclairage public peut constituer une belle opportunité de chasse pour moi, les halos de lumières attirant une multitude d'insectes, mais ce rapprochement avec les activités humaines représentent un danger en augmentant les risques de collision avec les voitures entre autres...
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Des idées pour aider les pipistrelles
cohabiter avec les chauve-souris
Comme tous les animaux insectivores, la présence et survie de la pipistrelle va dépendre de celle des insectes. Les espèces végétales riches en pollen et odorantes et une zone humide (telle qu'une mare) favorisent la présence d'insectes dont pourront se délecter les chauve-souris (et bien d'autres animaux insectivores comme les grenouilles ou les oiseaux). Une fois le couvert assuré, la présence d'un gîte arboricole (trous de pic, fentes, fissures ou autres arbres creux) ou anthropique (nichoirs, habitations) permettra aux colonies de chauve-souris de nicher et de se reproduire. En cas de cohabitation avec les pipistrelles, quelques bonnes pratiques permettront de ne pas leur nuire, en évitant d'abattre les vieux arbres (qui peuvent profiter également à tout un écosystème), en préservant des accès aux caves et greniers (ou en créant des ouvertures si il n'y en a pas), en ne traitant pas chimiquement les charpentes... Si on dérange une colonie installée, cela peut avoir des conséquences dramatiques pour elle. Pour des travaux de rénovation, il est préférable d'attendre l'hiver si une colonie s'est établie dans une maison. A cette saison, les chauve-souris changent de site pour hiberner. Il est alors possible d'assurer un nouveau gîte si l'existant disparait en construisant soi-même ou en achetant un gîte à chauves-souris. Comment construire et installer un gîte sur les conseils de la LPO : https://auvergne-rhone-alpes.lpo.fr/Construire-et-installer-un-gite-a-chauves-souris ou l'acheter https://boutique.lpo.fr/catalogue/jardin-d-oiseaux/faune/gites-mammiferes/gite-a-chauves-souris
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