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Photo du rédacteurLe Bestiaire Rouge

le pêcheur éclair bleu

Dernière mise à jour : 5 févr. 2020


Dessin © Le Bestiaire Rouge / Aurélie Portier

JE SUIS un petit oiseau solitaire au plumage vif et chatoyant (dos bleu et ventre orangé)... Ma couleur bleu métallique est un effet d'optique, il provient de la diffusion de la lumière sur la structure de mes plumes (effet Tyndall). On me trouve principalement en Europe, parfois en Asie, mais il existe également une centaine d'autres espèces de martin-pêcheur dans le monde. Si les hivers deviennent trop rudes (lorsque les cours d'eau douce gèlent, je ne peux plus me nourrir), ceux d'entre nous qui vivent le plus au nord du continent migrent au bord de la mer, sur les côtes, dans les ports... Je vis au bord des eaux calmes, peu profondes, propres et riches en poissons. Je peux aussi fréquenter les jardins qui possèdent un étang avec des poissons. Je séduis ma partenaire grâce à ma parade nuptiale, une poursuite aérienne très sonore qui se conclut lorsque je présente un site pour abriter nos futurs petits. S'il n'existe pas déjà, nous creusons un terrier (l'excavation de cette galerie peut prendre jusqu'à une semaine) derrière la végétation aquatique (roseaux...). Grâce à mes offrandes de nourriture, la femelle peut ensuite pondre jusqu'à 7 œufs, un par jour pendant une semaine, qu'elle couvera une fois le dernier œuf pondu.



L'essentiel de mon menu se compose de petits poissons. Je les choisis de petite taille, n'excédant pas 12 mm. Selon l'espèce, soit des alevins, soit des adultes (vairons, épinoches, chabots, truites, vandoises, chevaines, perches, brochets...). Je mange une dizaine de poissons par jour, l'équivalent de mon propre poids. Je me nourris aussi à l'occasion d'insectes, petites grenouilles, petits crustacés, crevettes ou crabes que je trouve dans l’eau. Pendant la période de nourrissage de nos oisillons qui naissent sans duvet ni plumage, nous nous relayons avec ma compagne pour couver et pêcher jusqu’à 80 petits poissons dans la journée ! Après environ 4 semaines, nos petits sont aptes à se nourrir seuls et quittent le nid, ce qui nous permet d'entreprendre une nouvelle couvée. D’avril à juillet, selon les conditions, notre couple peut mener à terme 2 ou 3 couvées.


Son alimentation, son habitat et donc sa survie dépendant directement de lui, la présence du martin-pêcheur est un bon indicateur de la qualité d'un milieu aquatique.

Plus l'eau est pure et claire, plus elle est riche en poissons et plus il m'est facile de répérer mes proies. Je les guette grâce à ma vue aiguisée depuis un perchoir sur la rive (arbre, poteau...), en m'approchant de la surface de l'eau ou en vol stationnaire.




Lorsque j'ai repéré ma proie dans l'eau, je suis rapide comme une fusée ou un TGV ! C'est la vitesse prise lors de mon vol en piqué, que j'accélère par de petits battements d'ailes, qui assure le succès de ma prise. Je n'ai pas le droit à l'erreur, ma trajectoire ne pouvant être déviée... C'est la raison pour laquelle j'anticipe et choisis des eaux peu profondes. Je plonge dans l'eau jusqu'à 25 cm de profondeur (parfois 1 m, mais le succès de ma chasse sera moins garanti). Mon corps court et trapu traduit mon hydrodynamisme. Mon plumage imperméable assure ma pénétration dans l'eau ainsi que l'isolation thermique grâce à mes plumes courtes et denses. Mon plumage rempli d’air me fait remonter vers la surface, aidé par un coup d’ailes pour jaillir hors de l'eau.


#Biomimétisme Pour réduire l'impact sonore lors d'un passage dans un tunnel, le design du train à grande vitesse en service au Japon, le Shinkansen, a été inspiré du bec du martin-pêcheur (grand spécialiste pour passer du milieu aérien au milieu aquatique avec un minimum de remous).

Ma plongée doit être de courte durée. Si je mouille et alourdis mon plumage, je risque la noyade (beaucoup de jeunes en font l'expérience...). J'assomme ensuite ma proie contre mon perchoir puis la positionne tête la première dans mon bec. Si il n'est pas dans le bon sens, je peux lancer le poisson en l'air pour le rattraper dans la bonne position. Après digestion, je régurgite une pelote de réjection (tout comme les rapaces nocturnes) constituée d'arêtes, écailles de poissons ou encore des carapaces d'insectes.




Nous sommes particulièrement vulnérables aux hivers trop rigoureux qui sont un danger mortel pour nous. Mais notre habitat et notre source d'alimentation sont également soumis à rude épreuve par les activités humaines. ff trouble l'eau et fait disparaitre les poissons entre autres... Si les usines et les villes ont fait des efforts pour réduire leurs rejets, l'agriculture intensive reste une grande source polluante avec son épandage de nitrates, pesticides et phosphates qui impactent toute la chaine alimentaire. Les aménagements tels que le recalibrage des cours d'eau, en bétonnant ou empierrant les rives, appauvrit la flore et la faune de nos milieux et nous empêche de creuser notre nid dans les berges. Malgré l'usage grandissant de grillages de protection pour protéger les élevages piscicoles de nos besoins alimentaires, nous sommes encore victimes de chasse et piégeage volontaires dans de nombreux établissements en France et ailleurs en Europe. Dans un autre registre, les loisirs nautiques qui débutent souvent au printemps, en pleine période de reproduction pour nous, ont un effet pertubateur sur elle, nous contraignant parfois à abandonner la nidification pour l'année.



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Des idées pour aider les martin-pêcheurs

amélioration de la qualité de l'eau et des sites propices à la reproduction


S'intéresser à l'habitat des martin-pêcheurs, c'est se préoccuper de l'état de santé de tout un écosystème dont dépendent beaucoup d'autres espèces. Les zones humides jouent un rôle majeur dans l'état de la biodiversité, milieux de vie dont dépendent la quasi totalité des amphibiens, la moitié des oiseaux et le tiers des plantes menacées en France, ainsi que de nombreuses espèces de poissons, d’insectes... Poursuivre ou inciter à poursuivre les efforts d'amélioration de la qualité de l'eau et à améliorer la gestion des cours d'eau intégrant la biodiversité, en revenant entre autres sur les aménagements devenus inutiles (enrochements, barrages, digues de polders). Il serait formidable de voir se multiplier des espaces naturels renaturalisés et protégés comme la Réserve de vie sauvage du Trégor ® créée par l'ASPAS, où admirer le spectacle d'une nature qui s'enrichit au fil du temps : https://www.aspas-nature.org/reserves-vie-sauvage/les-reserves-de-vie-sauvage/rvs-du-tregor/


En dehors de l'évolution nécessaire des pratiques et mentalités néfastes pour le martin-pêcheur et les autres espèces partageant son milieu aquatique, un petit coup de pouce peut-être apporté au martin-pêcheur pour établir son nid. La LPO Ile-de-France propose un modèle de nichoir spécial berges : https://www.lpo-idf.fr/?pg=sp&sp=37



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Sources, Références & Inspirations :

Le martin-pêcheur en action : https://www.youtube.com/watch?v=KQ5JYNx7kKg

Dossier martin-pêcheur très complet sur la Salamandre : https://www.salamandre.org/dossier/martin-pecheur-l-oiseau-turquoise/

Un coup d'œil sur d'autres espèces de martin-pêcheur dans le monde : https://www.salamandre.org/article/martin-pecheur-le-tropical/

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